S. f. (Marine) longue pièce de bois, dont l'une des extrémités est aplatie, et qui étant appuyée sur le bord d'un bâtiment, sert à le faire siller. La partie qui est hors du vaisseau et qui entre dans l'eau, s'appelle le plat ou la pale, et celle qui est en-dedans, où les rameurs appliquent leurs mains afin de la mettre en mouvement, se nomme le manche de la rame. Pour faire siller un bâtiment par le moyen de cette pièce de bois, les rameurs tournent le dos à la proue, et tirent le manche de la rame vers eux, c'est-à-dire la tirent vers la proue afin que la pale avance vers la poupe ; mais la pale ne peut point avancer dans ce sens sans frapper l'eau ; et comme cette impulsion est la même que si l'eau frappait la pale de poupe à proue, le bâtiment est mu selon cette direction. De-là il suit que plus la pale se meut dans l'eau avec force, c'est-à-dire plus son choc est grand, plus le vaisseau sille vite. Pour augmenter ce choc, presque tous les mathématiciens prétendent qu'on doit situer tellement la rame sur le bord du bâtiment, qu'elle soit divisée en deux parties égales par l'apostis, ou le point autour duquel elle se meut. Cette prétention est fondée sur ce que dans cette situation le produit des deux parties de la rame est un maximum, c'est-à-dire le plus grand qu'il est possible. Cependant malgré cette raison, M. Euler qui a publié là-dessus un beau mémoire, parmi les derniers de l'académie royale des Sciences de Berlin ; M. Euler, dis-je, veut que la partie extérieure excède l'autre. Il a inséré aussi un long chapitre sur les effets de cette machine, dans sa science navale : Scientia navalis, de actione remorum, cap. VIIe Il y a des choses bien curieuses dans ce chapitre. L'auteur y calcule la vitesse que doit acquérir le vaisseau, suivant l'action des rames ; il propose des machines qu'il estime plus efficaces que cette action, etc. et tout cela doit être lu dans l'ouvrage même. Voyez aussi l'article suivant. On trouvera aussi de nouvelles idées sur ces machines qu'on veut substituer aux rames, dans le Dictionnaire universel de Mathématique, etc. et la théorie en quelque sorte de ces avirons.

Les Latins appelaient les rames, remi, et quelquefois palmae ou palmulae. On leur donnait aussi autrefois le nom de tonsae, à cause qu'elles frappent les flots, et qu'elles les coupent : Et in lento luctantur marmore tonsae. Un quatrième nom qu'avaient les rames dans l'antiquité, étaient scalmes, qui signifie cheville, parce qu'il y avait une cheville à chaque rame.

Plutarque dit que César s'embarqua à Brindes, pour passer un trajet de mer, sur une barque à douze scalmes. A l'égard des bancs où étaient assis ceux qui les faisaient mouvoir, les Grecs les appelaient , et les Latins transtra.

Quasi transversim strata considunt transtris.

Virg. Aenéid. liv. V.

RAME, RAMILLE, (Jardinage) est une petite branche qui se ramasse dans l'exploitation des bois, après qu'on en a tiré le bois de corde, les coterets et les fagots ; elle n'est bonne qu'à faire des bourrées.

RAME, s. f. (Draperie) machine ou instrument dont on se sert dans les manufactures de draperie pour allonger ou élargir les draps, ou seulement pour les unir et dresser carrément.

Cette machine qui est haute d'environ quatre pieds et demi, et qui a plus de longueur que la plus longue pièce de drap, est composée de plusieurs petites solives ou morceaux de bois carrés, placés de même que ceux qui forment les barrières d'un manège ; en sorte néanmoins que les traverses d'en-bas puissent se hausser et se baisser, suivant qu'on le juge à propos, et être arrêtées solidement par le moyen de quelques chevilles. Il y a le long des traverses tant hautes que basses, des clous à crochet placés de distance en distance. Indiquons en peu de mots la manière de mettre une pièce de drap sur la rame.

La pièce de drap étant encore toute mouillée, le chef en est attaché à l'un des bouts de la rame, puis on la tire, à force de bras, par le côté de la queue, pour la faire aller au point de longueur que l'on s'est proposé. La queue du drap étant bien arrêtée, on accroche la lisière d'en-haut aux traverses d'en-bas, que l'on fait descendre par force jusqu'à ce que le drap soit à la largeur qu'on désire. Ayant été ainsi bien étendu et arrêté tant sur son long que sur son large, on brosse la pièce à poil, et on la laisse sécher, ensuite on la lève dessus la rame, et tant qu'elle n'est point remouillée, elle conserve toujours la même largeur et longueur que cette machine lui a donnée. Dict. du Comm. (D.J.)

RAME, s. f. (Papeterie) c'est un paquet de papier composé de vingt mains, chaque main de vingt-cinq feuilles, en sorte que la rame contient en tout cinq cent feuilles. La première et la dernière main doit être de même pâte et de même compte que le reste de la rame. Dict. de Trévoux.

RAME, mettre à la (terme de Librairie) mettre un livre à la rame signifie ranger par rame une partie de l'impression d'un livre dont on a eu peu ou point de débit, pour le vendre de la sorte à vil prix aux épiciers et aux beurrières, et à tous ceux qui en ont besoin, pour envelopper leurs marchandises, ou en faire autre usage. Richelet dit qu'Amelot pensa devenir fou, lorsqu'il apprit qu'on allait mettre son Tacite à la rame. (D.J.)

RAME, (Manuf. en soierie) faisceau de cordes de fil, au nombre de 400 dans les métiers ordinaires, de la longueur de 15 pieds plus ou moins, auxquelles sont attachées les 400 cordes de semple, et qui ont au bout les arcades. L'endroit où les cordes du rame sont gansées et doublées sur le bâton, s'appelle la queue du rame.